Le livre d'or de l'hôtel de la Poste - remis au musée de
Pont-Aven par Dominique Le Floch-Correlleau après la mort de Patrick -
témoigne de l'intensité de la vie de cet hôtel et du nombre d'artistes,
d'écrivains et autres "people" dirait-on aujourd'hui, entrés dans
l'Histoire, qui sont devenus des amis des maîtresses des lieux : Julia
puis sa fille Nicole.
Comment tout cela commença ? Les versions divergent et le flou règne
comme en témoigne le petit livre de Séverine Palmade, "L'Hôtel de la
Poste, Au rendez-vous des artistes, chez Julia et Nicole Correlleau",
publié par la Société des Amis du Musée de Pont-Aven en 2000 et par
ailleurs riche de nombreuses précisions.
Pour Pierre-Eugène Clairin qui le précise dans "Cinquante ans d'amour
breton", lui et Ernest Correlleau allaient très souvent - et sur
l'insistance de ce dernier - déjeuner dans un bar restaurant où servait
Julia et ses soeurs. Créé par leurs parents, l'établissement n'était
plus dirigé que par la mère devenue veuve. Une fois mariés - pour quelle
raison ? - il semble qu'Ernest et Julia furent les seuls maîtres des
lieux. Ernest était fils de notaire et un arrangement financier a du
être trouvé pour faire de ce "bistrot" le lieu accueillant que
cette période d'après guerre appelait.
Le reste est du aux génies de l'amitié et du commerce réunis en
Julia. Aussi à l'achat d'un piano mécanique, au talent de décorateur
d'Ernest et à l'entrain de ses amis peintres, sans compter, semble-t-il,
la disponibilité des filles de Pont-Aven pour les soirées dansantes.
Dès les années 30, le prince des gastronomes, le célèbre Curnonsky,
est un habitué des lieux et il en fait une importante promotion dans ses
livres et guides.
Du début des années 20 au début des années 80, cet hôtel, sur la fin
uniquement restaurant, sut rester attractif et ses hôtesses entretenir
une ambiance joyeuse et festive.
C'est dans cette ambiance que Patrick Le Floch-Correlleau passa les
années de sa jeunesse, s'enrichissant au contact de ces grands anciens
et trouvant le goût ensuite de défendre leur oeuvre pour les faire mieux
connaître encore. |